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DEBAT 2
21 septembre 2019

Devant l’urgence du dérèglement climatique et les

  

Devant l’urgence du dérèglement climatique et les possibilités d’un effondrement pour des milliards de personnes, comment réaliser la transition, dans les pays du Sud tout comme au Nord ? Dans cet entretien, Gaël Giraud encourage à développer les « communs » et à les protéger de la privatisation, une voie de secours alors que le temps manque.

Gaël Giraud est directeur de recherche au CNRS.


Reporterre — Les pays en voie de développement ont le moins contribué au réchauffement climatique. Pourtant, ce sont eux qui vont en payer le prix le plus élevé. N’est-il pas compliqué de leur demander des efforts ?

Gaël Giraud — Les pays des Sud n’en sont plus à donner des leçons de morale au Nord car il est trop tard. Ils savent qu’on s’achemine vers des catastrophes majeures, qu’il faut limiter le plus possible nos émissions de gaz à effet de serre. Ils sont très conscients qu’il existe une vertu d’exemplarité. Et que s’ils font leur part, ils pourront peut-être convaincre les pays du Nord de faire la leur. C’est d’ailleurs dans leur intérêt que la réduction des émissions de CO2 se fasse le plus rapidement possible.



Pourquoi utilisez-vous le terme « pays des Sud » ?

L’expression « pays en voie en développement » est une vieille terminologie méprisante des années 1980, tributaire d’une vision linéaire de l’histoire en partie forgée par l’économiste Walt Whitman Rostow après la guerre. Beaucoup de populations dites indigènes ont énormément de choses à nous apprendre. Les moins humainement « développés », c’est nous, qui dépendons des énergies fossiles pour notre consommation d’énergie et qui sommes incapables de faire de la prospérité sans détruire les écosystèmes.



Comment ces pays peuvent-ils financer la transition, alors même qu’ils manquent de moyens pour certains besoins élémentaires ?

Ce n’est pas plus simple au Nord, car il est plus coûteux de verdir une économie industrialisée qu’une économie rurale. Il faudrait dépenser 4.000 milliards de dollars au Nord et 2.000 milliards au Sud chaque année pendant 15 ans pour financer les infrastructures vertes dont nous avons besoin. Sachant que le PIB français est de 2.300 milliards, cela vous donne un ordre de grandeur des fonds à mobiliser. Les bailleurs internationaux, comme l’Agence française de développement, doivent aider, ainsi que d’autres institutions, comme l’International Development Finance Club, ou le Fonds vert pour le climat. Je pense d’ailleurs que la dette publique est un moindre mal par rapport à l’enjeu qui est devant nous.



Qui initie le changement ? Les populations locales ou les autorités ?

Il faut les deux. Au niveau local, la population connaît mieux le terrain et sait ce qu’elle peut faire raisonnablement dans un temps limité. L’autorité publique a beaucoup d’argent et peut impulser les transformations en matière d’institutions et d’infrastructures. Par exemple à la Paz, la capitale de la Bolivie qui a connu le « day zéro » pendant l’été 2016 [jour où il n’y a plus eu d’eau courante dans les robinets], les bourgeois du centre-ville étaient à sec, tandis que les communautés plus pauvres, dans les bidonvilles, ont continué à avoir de l’eau car elles s’étaient organisées pour gérer la pompe comme un bien commun.

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Commentaires
DEBAT 2
  • "prenons soin de notre maison commune";Vers un renouveau humaniste! Le lucre,la finance ... au profit de quelques personnes...C'est là l'origine de la plus grande barbarie qui soit:destruction massive de la biosphère ! humilité,modération,universalité!
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